Sur le chemin

 
Vue de l'exposition Sur le chemin, Tiers-Lieu ECRIN, Bresse-Vallons, 2025  



Suspension (en étoile), 2025
queue de coq, laiton et minéraux
41x23 cm



Équilibre, 2025
bois et minéraux
90x80 cm



Papillon, 2025
Ailes de buse, bois et quartz
46x54 cm


Ah, si j'étais, si j'étais seulement, à tout moment. Vivre chaque instant pleinement, entièrement, sans préjugés et sans espoirs, sans « j'ai été » et « je serai ». Je ne ressentirais plus l'inquiétude de ne pas être à la hauteur point à la hauteur de qui, de quoi ? Si j'étais, la question ne se poserait plus. Je n'aurais plus peur de manquer de quoi que ce soit car chaque seconde serait rempli à ras bord d'elle-même. Si j'étais, je serais comme transparente. Cette part de moi qui s'acharne à être quelque chose, qui s'attache à une identité, à des valeurs, disparaîtrait dans l'être véritable. J'y arrive parfois et j'y retourne plus facilement qu'avant.
Mais qu'il m'est difficile de faire durer l'être... Il m'échappe dès que je surgis. Il n'est là que lorsque je m'absente.
Ah, si j'étais absente... Je pourrais enfin être! J'ai souvent envie d'exister sans être vue, passant comme le vent parmi les autres, ne plus devoir porter le poids si lourd de leurs représentations nécessairement partielles. Ah, si j'étais délivrée du jugement de l'autre, si je savais ne pas me laisser affecter ! Alors, je ne serais plus ce que l'on pense que je suis ou ce que l'on veut que je sois ou ce que j'imagine que l'on attend de moi.
Je serais, c'est tout. Et il n'y aurait pas même un quantum d'ébauche de pensée pour qualifier cet état. Tout au plus un signe, un seul: le point. Infiniment fuyant, sans longueur, sans poids, sans densité, une simple localisation. Ici et maintenant. Point.
 
Caroline Manecy